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Polyptique

par Mélina Béšić
Numéro 2, « Itinéraires, trajectoires »
poème

la tra – jectoire délibérative – dans le rejet des organes –  la tra – jectoire initiative – la trame narrative dans un soliloque  ( je parle dans moi à moi et pour moi – moyen mode – je raisonne comme  ces timbales en cuivre ou ces grands saladiers en laiton jaunit et  martelés par les coups de tête et la spontanéité – mode de vie moyen passif – conatus prend mon âme au lasso – dans l’ouest lointain le  cœur est aussi à gauche et les revolvers aussi dans cette main  maladroite . . . ) . . . trajet – la vie jouée au berceau – bercées par les mots des mères différentes – maman, nounou, mamie, nounou,  doudou, mémé, papa, ne pas, ne pas – faire des bêtises – la maîtriser  la bêtise c’est l'intelligence – mélange un peu de bêtise un peu de  contrôle aux douanes de ce que je peux faire, je peux faire – itinéraire – le jour se lève pose ses plantes sur les graviers, les  goudrons, les herbes et les routes, les routes de soi – je ne sais pas  je crois que le jour se lève je l’ai vu de mes yeux vu de ma fenêtre  fermée et sale et en hauteur bien haut dans le ciel qui gratte comme  un pull en laine qui se défile comme un nuage derrière son silver  lining timide, les joues grises dans leurs fossettes – le jour . . .  est monté jusqu’à moi – les dix-sept étages à pied rien que pour moi  l’ascenseur est en panne – le chauffe-eau est en panne mais nous avons  le soleil tout près – la longue vue est en panne mais tu – es venu  tout apprêté de moi – je suis ton bijou – mes mains autour de ton cou / l’itinéraire jusqu’au dix-septième siècle – je le vois maintenant,  le jour tout entier depuis ma chambre de bonne – mais il faut faire  le ménage tous les jours – le jour dans mon dos seulement toujours  passé, passé – ne regarde pas la route d’en haut – itinéraire sens  unique sans arrêt, sans arrière – penser oui c’est possible – ne  regarde pas en arrière – le chemin en mappemonde de sucre cassé sur  le dos, le chemin en petits raisins secs a disparu, mangé par le stress  – la route – des routes mangées par le stress et par l’envie d’aller  plus loin et de ne jamais rester, ne jamais rester comme un requin  marteau dans les phares, éblouis chacun de leurs yeux, éblouis – les  baies vitrées d’en haut on peut en voir les vitamines et les pépins,  elles sont des réceptacles à amour fou et à oiseaux égarés, oiseaux  stridents et étranglés, oiseaux terrifiants, oiseaux terreur, oiseaux en bas en haut leur trajet mouvement de balancier sur les lignes à  haute tension : le stress – le regard mouvement de balancier – tu dors  tu dors – et tes paupières ont le poids de toute la silhouette des  toits empilés les uns après les uns après les autres comme des gobelets  vides en fin de soirée en fin de journée en fin de bouteille, gobe  les, les mouches, les lucioles, les papillons, les regards – qui me  suivent aussi comme la lune quand je rentre le soir dans le métro  aérien – la lune qui rentre dans le train, cette diode qui cligne qui  cligne entre nous ce secret qui cligne, qui miroite ses pupilles quand  les accordéons ferment leurs poumons grinçants. la silhouette des  toits qui grincent comme le train quand il avance et que je ne suis  pas assise dans le sens de la marche et que je ne suis pas assise et  que j’écroule la fatigue comme des dominos, ou des ruines – le vieux  bâtiment – la silhouette de toi à moi le secret dérobé – le secret  déshabillé – parcours le secret du long des doigts comme une esquisse  au fusain, que l’on estompe effet de fumée : cigarette after sex. 

effet de papillons qui s’envolent après le sexe l’estomac est vide  maintenant et pourtant nous n’avons plus faim, l’estomac est vide et  les papillons ne peuvent voler si haut dans ce ciel livide de guerre,  et ses larmes qui tombent en octobre, en novembre, en mars, font  vriller ces larmes qui tombent et ces papillons aussi, ceux qui sont  bleus – ils tombent et l’amour aussi disparait comme ça, il tombe du  ciel alors on ne peut s’aimer que dans l’espace ou sur une exoplanète  ou faire l’amour sur la lune c’est peut-être pour ça qu’elle nous suit  depuis tout ce temps la lune – faire l’amour en l’air comme un  coquelicot qui regarde cellui qui va le cueillir ou les autres fleurs  plus hautes, qui portent le ciel dans leurs pétales mauves, les veines  apparentes dans le penthouse, dans l’appartement à haut plafond – un  plafond nié et joint de belles moulures en plâtre il est blessé et je  suis – en haut encore, en haut encore – en haut et en corps – à ta  portée. 

Avant Je veux dériver en paix
Après Le trajet de la main

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    • Numéro 1, "Pouvoir, pouvoirs, contre-pouvoirs"
    • Numéro 2, « Itinéraires, trajectoires »
Édité par association arts:publics à Paris. Tous droits réservés sauf mention contraire des auteurs.